Contribution de Vélomotive à l’enquête publique RD 767 Ménimur – Les 3 Rois

Vannes, le 5 mars 2024
Nous avons pris connaissance du dossier et assisté à la réunion publique de présentation des études préliminaires du projet de doublement de la RD767 entre le giratoire des 3 rois, et l’échangeur Pompidou.
Nous sommes soucieux de l’impact de ce projet, tant en terme environnemental qu’urbain, et aussi très sceptiques quant aux réels avantages en termes de mobilités à moyen et long terme.

Le projet va favoriser l’augmentation du trafic motorisé, ce qui va à l’encontre des objectifs nationaux et locaux de décarbonation des déplacements.
Si l’on suit les recommandations (voir sources en fin de courrier), chaque individu doit passer de 9 tonnes de CO2 émis en moyenne par an, à 4 tonnes en 2030. La mobilité étant le secteur le plus émetteur avec au moins 30 % en France, et même 47% sur l’agglomération de GMVA, sa décarbonation est primordiale.
L’automobile ne doit être utilisée qu’en dernier recours et partagée (covoiturage ou
autopartage) si l’on veut atteindre l’objectif de 0 émission nette en 2050. Il faut donc
contrebalancer l’augmentation de la population sur le Morbihan avec un objectif ambitieux de réduction d’au moins 50 % la part modale de la voiture d’ici 2030 et favoriser les reports modaux de la voiture vers les autres formes de mobilités plus sobres sur le plan climatique, plus économiques pour les usagers et meilleures pour la santé. Les pages 13 à 16 du dossier de concertation expliquent bien la nécessité de décarboner les mobilités en favorisant le report modal vers d’autres modes plus vertueux, mais rien n’est proposé dans le projet.
Selon la loi LOM, tout nouvel aménagement ou réaménagement doit prévoir des
aménagements qui vont fluidifier et sécuriser les mobilités actives. A ce stade des projets présentés, nous n’avons pas d’information sur des aménagements cyclables éventuels, et nous craignons que cela ne soit qu’accessoire. Pourtant les besoins sont réels, et il y a là un potentiel de report modal (surtout avec les vélos à assistance électrique) pour les déplacements de moyenne distance (moins de 20 kms) qui concernent les habitants de la 1ère couronne de Vannes.
Le département du Morbihan respecterait mieux les objectifs de réductions de GES en
finançant d’autres projets comme le covoiturage domicile-travail, les pistes cyclables, les transports collectifs (RER, bus…).

  • Plusieurs EPCI dans le cadre de leur fonction d’AOM, ont mis en avant des
    applications de covoiturage, avec des avantages incitatifs (indemnisation pour les
    conducteurs, gratuité pour les passagers) afin de développer cette pratique et de
    réduire le flux automobile. Le département du Morbihan pourrait abonder en
    finançant et oeuvrant pour que tous les EPCI utilisent la même application pour
    faciliter les trajets inter- EPCI et massifier la pratique.
  • Il pourrait développer les aires de covoiturage, mieux les aménager avec des parkings vélo sécurisés, les relier à un réseau cyclable efficace, et assurer une interconnexion avec les terminaux de bus urbain.
    Ce n’est pas en aménageant de nouvelles routes pour les automobiles que les changements de comportement en termes de mobilité auront lieu. Il faut contraindre la voiture pour inciter les gens à modifier leurs modes de déplacement. C’est meilleur pour la planète, le pouvoir d’achat des ménages, la santé (lutte contre la sédentarité, la pollution), la productivité des salariés, lutte contre la pollution de l’air et sonore, meilleure balance commerciale de la France…
    Alors que Golfe Morbihan Vannes agglomération travaille sur l’élaboration du nouveau Scot-AEC avec des objectifs ambitieux de réduction des déplacements individuels motorisés, en favorisant le report modal vers des modes alternatifs (vélo, transports en commun, covoiturage, marche), nous constatons que le département élabore des scénarii avec un référentiel du PCAET qui sera obsolète en 2025, avant le démarrage des travaux, et qui va à l’encontre des préconisations actuelles sur les mobilités.
    Miser sur l’évolution de l’électrification du parc automobile ne permettra pas de décarboner les déplacements, quand on étudie l’analyse du cycle de vie global (extraction des ressources, fabrication, énergie, poids et volume des véhicules disproportionnés par rapport à l’usage pour 1 personne).
    Le problème d’encombrement du trafic ne sera déplacé qu’un peu plus loin, et dans le temps.
    Les études et expériences montrent que l’augmentation des voies engendre une hausse du nombre de véhicules, et n’apporte une amélioration du trafic que très temporaire.
    L’engorgement sera déplacé vers les échangeurs, et cela ne résoudra pas la saturation de la N165 aux heures d’affluence.
    Au mieux, les voies dédoublées pourraient être réservées aux transports en commun (bus et car) et au co-voiturage pour favoriser ces modes de déplacement, et aussi aux véhicules d’urgence (pompiers et ambulances).
    Le doublement des voies et l’intensification du trafic va accentuer la coupure urbaine entre les quartiers nord et ouest de Vannes, comme c’est le cas avec les RN 165 et 166.
    Cela va à l’encontre de l’apaisement du cadre de vie et des liaisons douces inter-quartiers souhaitée, et va inciter au contraire les gens à prendre leur voiture pour se déplacer même en restant sur Vannes. Le secteur de la clinique sera encore plus enclavé et compliqué d’accès, alors qu’il se développe encore.
    Ces aménagements vont aussi augmenter la pollution de l’air, le bruit et l’artificialisation des sols.
    Pour toutes ces raisons, l’association Vélomotive est opposée à ce projet qui ne va pas dans le sens d’une décarbonation des mobilités et de l’évolution nécessaire de notre société. Néanmoins si le projet se poursuit, Vélomotive demande à être consultée pendant l’étude technique pour échanger en tant qu’expertise d’usage sur les continuités cyclables, pour l’instant peu intégrées au dossier.

    Sources et références :
  • Conférence d’Aurélien Bigo, chercheur sur la mobilité, à l’UBS sur l’évolution de la mobilité d’ici 2050 où il indique l’évolution des différents modes de transport pour atteindre la neutralité carbone à cette date : https://www.youtube.com/watch?v=bz072Pnw6QY
  • La baisse du nombre d’automobiles en France en 2050 (proposition de loi d’Olga Givernet, députée parti présidentiel) est envisagée de 38,9 millions actuellement en circulation à 26,4 millions soit une baisse d’environ un tiers. https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b2098_proposition-loi.pdf
  • L' »usine nouvelle » estime que le marché automobile devrait se contracter de 40 % d’ici 2050 pour limiter le réchauffement climatique à 2 %.
    https://www.usinenouvelle.com/article/le-marche-auto-devrait-se-contracter-de-40-d-ici-a-2050-pour-esperer-limiter-le-rechauffement-a-2-c-estime-jacques-portalier-du-shift-project.N1806062
  • La commission européenne vient de recommander une baisse des émissions de GES de 90 % pour 2040 et rappelle l’objectif de – 55 % pour 2030 : https://france.representation.ec.europa.eu/informations/la-commission-presente-une-recommandation-pour-un-objectif-de-reduction-des-emissions-lhorizon-2040-2024-02-06_fr
  • Réduction du trafic automobile et diminution du nombre de véhicules observé sur la métropole parisienne https://www.apur.org/fr/nos-travaux/evolution-parc-immatricule-metropole-grand-paris-une-baisse-se-confirme-2023