Un de nos adhérents témoigne de son expérience de « vélotaffeur » :

« Je m’appelle Arnaud, j’ai 50 ans et j’habite St Avé.

En 2017, j’ai commencé à réfléchir sur le cout (économique et environnemental) de mes déplacements. Ma voiture diesel de 1999 commençait à vieillir et acheter une voiture plus récente ne m’emballait pas trop.

Je travaille à Elven (16 km) avec un métier plutôt statique. J’ai 200 jours/an, ce qui fait 200 x 32 = 6400 km/an. Le tarif fiscal qui prend en compte tous les frais liés à mes déplacements en voiture (essence, réparations, achat de voiture, assurance…) donne un cout annuel de 2400 euros (environ 40 cts/km) =  plus d’ 1 mois de salaire ; ce cout est souvent sous-estimé par les automobilistes qui ne comptent que le cout du carburant.

(Note : Les tarifs calculés ne tiennent pas compte de l’augmentation des carburants en 2022.)

J’ai donc réalisé que, tous les ans, je travaillais 11 mois pour moi et un mois pour ma bagnole.

6400 km en voiture diesel, c’est aussi 960 kg de CO2 émis soit presque la moitié des émissions annuelles qu’un français devrait émettre pour respecter les accords de Paris (COP21 – limitation 1.5° à 2° avant la fin du siècle).

Très motivé pour augmenter mes revenus de 2400 euros/an et réduire mon impact carbone, j’ai donc cherché des solutions alternatives. Après avoir testé covoiturage, transport en commun, télétravail et vélo, j’ai acheté Maurice en 2018.

Maurice est un VAE Kalkhoff Endeavour I1move, il m’a couté environ 2000 euros (dont 300 euros d’aide GMVA) et a été amorti en 2 ans (ça veut dire qu’en 2 ans d’utilisation, l’argent que j’ai économisé en voiture a rendu Maurice totalement gratuit).

Avant, je mettais 20 minutes en voiture pour aller au mon travail. Aujourd’hui, je mets 35 minutes à vélo.

Par jour, je passe donc 30 minutes de plus dans mes transports pour gagner 12 euros (32 km x 0.40 ct – tarif fiscal). Comme j’aime bien les calculs, j’ai calculé que Maurice était payé plus cher que moi (24 euros de l’heure pour Maurice contre 15€ pour moi).

En 5 ans, je suis passé de quelques trajets pas semaine à une utilisation totale, quelque soit la saison, la météo, l’humeur. J’aime dire qu’il n’y a pas de mauvais temps mais seulement du mauvais équipement.

Mon équipement : casque avec visière (130 euros), veste étanche (200), pantalon et couvre chaussure (35), sacoches (50), cagoule (20), gants de ski (40).

Je suis très attentif à la météo et, lorsque je me lève, mon 1er réflexe est de regarder la température extérieure et le ciel. Sur le site de Météo France, j’ai appris à faire la différence entre « rares averses », « pluies éparses » et « pluie ».

Je sais aussi que, s’il n’y a pas trop de vent, le grain qui arrive de l’ouest n’aura pas le temps de me rattraper.

Mon trajet :

                7h55 : Je m’équipe en fonction de la météo et de la luminosité

                8h00 : Départ de St-Avé via Fontenon et Lescouedec, traversée de la route de Monterblanc puis je longe la voie ferrée vers St Nolff. La descente vers St Nolff est froide (je perds 2 à 3 degrés en 2 km). Sur ma route, je croise rapaces et chevreuils mais aussi plusieurs cyclistes. Maintenant, nous nous connaissons et il nous arrive de faire de apéros ensemble (avec les cyclistes, pas les chevreuils).

                8h15 : Je traverse le bourg de St Nolff puis j’attaque la cote du Peh. Le moteur est très apprécié. En haut de la cote, je regagne les degrés perdus grâce au soleil qui se lève.

                8h25 : Je rejoins la route départementale qui est moins agréable mais compte peu de voiture à cette heure. Je prends garde de ne pas rouler trop sur le coté (j’essaye d’être à 1/3 de la route). Parfois, je rattrape ma collègue qui arrive de St Nolff sur son VTC.

                8h30 : Je rentre dans Elven. Mon dernier km est moins sympa car plus de trafic. Heureusement, mes collègues ont pris l’habitude de rencontrer des vélos et sont généralement très prudents.

                8h35 : Arrivée sur le parking de l’entreprise. Nous avons un abri vélo et des casiers.

Depuis 2021, je suis un velotaffeur à plein temps. Mes collègues me disent que je suis courageux mais c’est parce qu’ils n’ont pas encore libéré le cycliste qui sommeille en eux – ça viendra…«